Émile de Laveleye en 1875 : « compagnon de route » belge du protestantisme et conseiller de la IIIe République
Le 15 janvier 1875, l’économiste belge Émile de Laveleye publie un article dont le retentissement sera important dans le monde des publicistes, essayistes, économistes et politistes européens de son époque. Ce texte paraît dans la Revue de Belgique sous le titre « Le Protestantisme & le Catholicisme dans leurs rapports avec la liberté et la prospérité des peuples. Étude d’économie sociale ». Il postule que l’Europe se trouve à une croisée cruciale de son histoire, non sans affirmer, au long d’un riche raisonnement qu’il convient d’analyser et d’interpréter, que la conversion au protestantisme constitue la seule issue pour ne pas basculer dans une forme de déclin. Scientifique à la renommée internationale, correspondant de William Gladstone, d’Edgar Quinet et de John Stuart Mill, Laveleye fait partie des sources d’inspiration du Max Weber auteur en 1904-1905 de son ouvrage bien connu L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme.
L’article interprète cette importante réflexion proposée par Laveleye en 1875, traduite en près de dix langues et étudie ce qu’elle dit des enjeux de son temps. Cette source utile à l’histoire du protestantisme au xixe siècle et à celle de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 est aussi un témoignage de la pénétration de mouvements de pensée venus des États-Unis depuis les années 1850 (l’unitarisme) ou une tentative de revivifier le magistère en reflux d’Egdar Quinet. Mais il s’agit avant tout d’un acte intellectuel et politique participant de l’histoire de la fondation de la IIIe République, à l’heure où celle-ci se dote de lois constitutionnelles et où Laveleye en appelle à l’esprit républicain, servi par la foi protestante, dont il craint l’affaiblissement sous les coups de l’Église et des Prétendants à la restauration monarchique.