Le synode de Dordrecht (1618-1619) : théologie et confessionalisation
Le synode national de Dordrecht (1618-19), réalisé pendant la Trêve de la guerre avec l’Espagne, fut un événement majeur dans le monde protestant tout entier. Outre les Néerlandais eux-mêmes, il réunit des représentants de presque toutes les Églises calvinistes étrangères, sauf les Français auxquels le roi avait interdit d’y participer. Le synode définit dans les Canons de Dordrecht l’orthodoxie réformée, en particulier sur le chapitre de la double prédestination. Il révisa les principaux textes doctrinaux, fixa la régulation du culte, et entama une nouvelle traduction de la Bible à partir des langues originales, la « Bible des États » publiée en 1637. Il acheva aussi la séparation entre les adhérents des professeurs Arminius (déjà décédé), libéral, et Gomarus, orthodoxe, dits respectivement remontrants et contre-remontrants d’après la Remonstrantie des arminiens remise aux États en 1610. Dès les premières suggestions faites en faveur d’un synode national pour régler les différends théologiques, les oppositions se doublaient d’une dimension politique à l’intérieur de la République néerlandaise qui s’acheva par la défaite des arminiens, l’exécution du dirigeant Oldenbarnevelt et l’exil du juriste Grotius. Pour finir, l’article s’interroge sur le rôle que le synode a joué dans le processus de confessionnalisation de la société néerlandaise.