Le Mémoire de 1664 ou le Psautier face au « tyran des langues »
En 1664, Laurent Drelincourt envoya à Esaïe II Colladon plusieurs documents, dont son fameux Mémoire. Cet ensemble de documents extrêmement minutieux incitait les pasteurs de Genève à engager un travail de mise à jour de la Bible et en particulier du Psautier. S’appuyant sur des principes propres aux grammairiens du temps, Drelincourt envisageait la révision du Psautier comme un projet linguistique et poétique, indexé sur l’idée d’« usage », qu’il présente comme le « tyran des langues ». Les enjeux liturgiques et théologiques étaient rattrapés et dépassés par des enjeux touchant à l’élégance de la langue des vers, ce qui révèle selon nous la dimension militante de la démarche littéraire de Drelincourt. Il s’agissait de renouveler les textes et de leur donner des attraits poétiques à la mode, afin de rivaliser avec les psaumes catholiques tout en se donnant les moyens de séduire un public élargi.