Le gouvernement des Églises dans l’Europe protestante au XIXe siècle : un moyen efficace d’arbitrer les dilemmes ?
En 1872, les Églises réformées de France furent autorisées à se réunir en synode général officiel : le premier depuis la Révocation si l’on ne tient pas compte de ceux du Désert. Deux blocs en résultèrent, l’un adoptant Confession de foi (votée en 1872) et système presbytérien-synodal officieux (à partir de 1879), l’autre demeurant presbytérien. Il en fut ainsi jusqu’à la Séparation de 1905. Situation unique dans l’Europe protestante ? non, car l’institutionnalisation de ces synodes révèle cinq dilemmes communs à la plupart des Églises : la place mesurée devant être faite aux pasteurs ; un défi d’uniformisation des rites ; l’adoption de procédures bureaucratiques ; une reformulation théologique de l’expiation ; des polarisations partisanes signifiantes pour dire la place du religieux dans le corps de la Nation. Au total, la forme organisationnelle des Églises (presbytériennes, congrégationalistes, épiscopaliennes) importe autant que leur statut entre pluralisme ou unicité confessionnels. Une attention accrue doit donc être accordée aux cinq grandes variables afin de situer les politiques étatiques et les forces spirituelles en présence ou en travail, en reconsidérant au passage le rôle des scissions, peut-être surévaluées. Il est donc suggéré de réfléchir désormais en termes de régimes d’ecclésiasticité afin, notamment, de reconsidérer les formes chrétiennes identifiées par Ernst Troeltsch, en 1912, et toujours stimulantes : Église, secte et mystique. Les interactions entre ces formes organisent les 14 articles de ce volume.