The Reformation that Failed to Occur: Liberal Protestantism as an Organised Movement in the Netherlands (c. 1860 – c. 1920)
« Nous sommes les vrais protestants ! Nous sommes les héritiers des Réformateurs du xvie siècle ! Nous sommes les hérauts de la Seconde Réformation. » Tels sont, en gros, les slogans lancés par les tenants du nouveau courant libéral ou moderniste apparu lors du second tiers du xixe siècle aux Pays-Bas. La « seconde Réformation » que ces libéraux jugeaient nécessaire pour la crédibilité et la survie du christianisme pour les temps à venir devait être une sorte d’épée à double tranchant. Inspirés par les travaux de la critique biblique moderne, les libéraux ambitionnaient de moderniser le christianisme de l’intérieur et à travers ses institutions en l’affranchissant de ses vieilles idées et pratiques enracinées dans les représentations supranaturelles. En complément, ils aspiraient à rendre la société perméable à un tel christianisme modernisé, dans lequel les individus seraient libérés de toutes les résistances faisant obstacle à leur propre accomplissement spirituel. Centré sur les Pays-Bas, cet article entend démontrer que, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, les libéraux ne furent pas aussi radicaux que leur discours sur une « seconde Réformation » l’annonçait. À dire vrai, on constate que de tels propos furent sans écho en dehors de la bourgeoisie, ce qui finit par les disqualifier face aux défis de la vie religieuse et sociale.