E. de Beaulieu parodiste : la Chrestienne resjouyssance comme propagande musicale
Sous l’angle musical, la Chrestienne resjouyssance d’Eustorg de Beaulieu comprend autant de mélodies à la mode que de textes qui les utilisent (160 chansons). Bien qu’elles n’apparaissent qu’en filigrane, par leur seul titre, elles montrent un musicien très au fait des techniques de parodie de son époque. Les liens de ces chansons avec le milieu lyonnais, mais aussi avec les pratiques parodiques des noellistes français sont nombreux. En situant Beaulieu dans le milieu des parodistes, mais aussi au sein de la production musicale polyphonique de son temps, on perçoit mieux la vocation profonde qui était la sienne, et qui consistait à mesurer le verbe par le temps musical. Les premiers « timbres » de la période moderne, sous sa plume, se mettent au service d’une versification d’inspiration réformée qui place le mètre et le rythme musical au-dessus de toute autre considération, et dans ce domaine réservé, le poète atteint la perfection. La Chrestienne resjouyssance est de loin la plus ample collection de chansons sur timbres de son époque, c’est également la toute première monographie sur timbres de l’époque moderne.